Paris 1878, les salles de bains n'existent pas encore, Paris est sale et attend le donneur de bain pour se nettoyer l'épiderme et l'esprit. Voici une maison qui héberge un savant fou, un ministre véreux, un artiste plein fougue, une prostituée et sa bonne. Tous connaissent le donneur de bain et il les connaît tous... et tous leurs secrets finissent par lui parvenir.
Voici donc une pièce sur le thème du sale. Tout y concoure : le texte et ses mots choisis, les costumes tachés, le décors aux détails industriels et la mise en scène.
Le texte est somptueux et riche. Le narrateur est le donneur de bain : il nous raconte comment il est devenu un clochard aux idées claires et prémonitoires.
Les costumes ne sont pas nets : les blancs ne sont pas éclatants, les noirs sont ternes, les traces de boues et de sudation apparaissent au bas des robes et sur les vestes...
Le décor est sur un plateau tournant : un maison bourgeoise avec sa façade, l'appartement du ministre et du comédien, la chambre de la belle et l'atelier du savant, plus quelques alcôves. Non seulement il tourne, mais le plancher de la chambre de la prostituée monte et descends afin de laisser de la place lorsque l'action se déroule chez elle ou bien chez le savant. Là aussi les couleurs sont ternes, les carreaux sales et les miroirs mouchetés.
La mise en scène compose également avec le sale. Le décors se meut de façon bruyante comme une vieille machinerie à vapeur, les acteurs inutilisés sont assis sur des chaises dépareillées de chaque côté de la scène, les acteurs marchent, courent en faisant claquer leurs semelles, montent, sautent, font des roulades... seule la diction est impeccable.
C'est tout un univers fantastique, mais sale, que vous propose le beau théâtre Marigny.
C'est la pièce du moment à conseiller.
Auteur : Dorine Hollier.
Artistes : Charles Berling, Barbara Schulz, Bruno Wolkowitch, Alain Pralon, Dimitri Rataud, Marie Denarnaud, Geoffrey Carey.
Metteur en scène : Dan Jemmett, Assistante mise en scène Mériam Korichi.
Denis, douche à domicile